Volume XXVI Numéro 6, 29 NOVEMBRE 1999
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LA UNE

Recherches novatrices pour le traitement du cancer !

Trente ans de géographie

Nouveau Laboratoire IBM-ESG


SOMMAIRE DU NUMÉRO

Recherches novatrices pour le traitement du cancer !

Trente ans de géographie

Nouveau Laboratoire IBM-ESG

Faculté de science politique et de droit
Un seul candidat brigue les suffrages


Le virage ambulatoire sur l'autoroute de l'information

Doctorat honorifique à Pierre Angers

Mondialisation et démocratie

Maîtrise en finance appliquée

Bac en urbanisme

« La vie avant les profits »

Les réseaux socioprofessionnels, un gage de solidarité

Trouble panique avec agoraphobie

Des services psychologiques pour la population

La tragédie de Poly toujours présente à la mémoire

Loi sur le tabac

Bogues sous surveillance

Pour inculquer le goût de l'art

30 bourses d'entrée en psychologie

Campagne Centraide

5e Gala des Prix Émergence

Prix Alcide-Ouellet

Calendrier de l'an 2000

Conférences en philo

Dix ans d'architecture israélienne

VITE LU

Recherches novatrices pour le traitement du cancer !
M. Richard Béliveau, directeur du Laboratoire d'oncologie moléculaire.
Des chercheurs de l'UQAM pourraient jouer un rôle majeur dans le développement de nouvelles approches thérapeutiques en vue de trouver un traitement véritablement efficace contre le cancer, ce mal du siècle. En effet, le Laboratoire d'oncologie moléculaire de l'UQAM, dirigé par le professeur Richard Béliveau du Département de chimie, et une société biopharmaceutique, les Laboratoires AEterna, ont signé un nouveau contrat de recherche d'une valeur d'un peu plus de 400 000 $. Ce projet, qui comporte des travaux de recherche scientifique et de développement expérimental sur un nouveau médicament, est d'une durée d'un an et s'inscrit dans le cadre d'un partenariat de recherche établi depuis 1997 entre AEterna et l'équipe1 de M. Béliveau. Soulignons que l'UQAM s'est engagée à effectuer les études pour le bénéfice d'AEterna, tout en étant le seul maître d'oeuvre de la réalisation des recherches.

Un médicament prometteur
« AEterna, qui est basée à Sainte-Foy, c'est la deuxième plus grosse société de biotechnologie au Québec, un success story, soutient Richard Béliveau. Elle a mis au point un médicament appelé Neovastat qui aurait des propriétés anticancéreuses ». Le Neovastat est présentement en phase 3 de développement, dernière étape à franchir avant la commercialisation. Il a déjà traversé avec succès les phases 1 et 2 durant lesquelles on administre le produit à des petits groupes de malades afin de vérifier l'absence de toxicité et d'effets secondaires indésirables. En phase 3, souligne M. Béliveau, on mesurera avec davantage de précision l'efficacité du produit auprès de plusieurs centaines de personnes atteintes de cancer, comme ceux des poumons, du sein ou du rein.

Le Neovastat, de préciser M. Béliveau, est fabriqué à base de cartilage de requin. Pourquoi le cartilage et pourquoi avoir choisi celui du requin plutôt que celui du lapin ou du boeuf ? Le cartilage de requin, répond le chercheur, contient des molécules qui permettent de ralentir la croissance des tumeurs cancéreuses. Et c'est aussi une question de disponibilité de ressources puisque le cartilage ne représente que de 1 à 2 % de la masse totale d'un mammifère, tandis que celui du requin atteint 7 %.

Le processus de l'angiogenèse
Si la société AEterna a fait appel aux services de l'équipe de recherche de M. Béliveau, c'est parce que le laboratoire de l'UQAM est l'un des rares au Canada à avoir développé une expertise en angiogenèse. Le processus d'angiogenèse représente l'étape déterminante dans la progression d'un cancer permettant aux tumeurs de se développer et de former des métastases. Comme l'explique M. Béliveau, « les tissus cancéreux, pour se développer, ont besoin de nouveaux vaisseaux sanguins qui l'alimenteront en nutriments et en oxygène, un peu comme un village qui, pour prendre de l'expansion, construit des routes et des voies de communication ». Si une tumeur n'a pas de vaisseaux sanguins pour la nourrir, elle pourra difficilement se développer. Cette alimentation en sang constitue l'étape cruciale où le petit amas de cellules défectueuses se transforme en tumeur maligne qui envahit le tissu dans lequel elle se trouve, répandant ainsi plus facilement des métastases dans les autres organes du corps. Une métastase se forme donc lorsque des cellules cancéreuses se détachent de la tumeur, infiltrent la circulation sanguine puis en ressortent pour coloniser un autre tissu. « L'approche qui consiste à bloquer l'angiogenèse constitue la plus grande révolution dans l'histoire de la médecine au cours des 50 dernières années », affirme Richard Béliveau.

Parmi les 128 médicaments antiangiogéniques présentement à l'étude dans le monde, le Neovastat, soutient M. Béliveau, est l'un des trois premiers à avoir été ciblé pour ses vertus thérapeutiques. « Notre travail à l'UQAM consistera à comprendre comment agit le médicament et à isoler ses molécules les plus actives2 ». Le Neovastat, ajoute-t-il, fait partie de ces médicaments précurseurs dans le traitement du cancer. Évidemment, comme la plupart des autres produits antiangiogéniques, le Neovastat ne fait pas disparaître les tumeurs, mais il peut ralentir leur croissance et diminuer la prolifération des redoutables métastases. Enfin, autre aspect positif, le Neovastat ne produirait pratiquement pas d'effets secondaires, contrairement aux traitements plus traditionnels qui affaiblissent l'organisme humain, comme la chimiothérapie.

« Rares sont les secteurs de la médecine qui ne sont pas touchés par les recherches en angiogenèse », conclut M. Béliveau. Les médicaments antiangiogéniques permettront de combattre non seulement différents types de cancers mais aussi d'autres maladies telles que le psoriasis, l'arthrite rhumatoïde et la dégénérescence musculaire.

1. L'équipe dirigée par le professeur Béliveau sera composée de différents collaborateurs : assistants de recherche, stagiaire postdoctoral et technicien.

2. Il s'agit de comprendre comment, à différentes étapes de l'angiogenèse, le médicament arrive à inhiber l'action d'enzymes qui permettent aux vaisseaux sanguins de se frayer un chemin jusqu'à la tumeur.