Volume XXVI Numéro 7, 17 JANVIER 2000
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LES ARCHIVES
LA UNE

Deux Alliances UQAM-communautés
Le CRSH injecte 1,6 million $


Création du profil Histoire, Culture et Société

L'UQAM à l'ère facultaire: un bref portrait


SOMMAIRE DU NUMÉRO

Le CRSH injecte 1,6 million $
...en économie sociale...
...et en études féministes

Création du profil Histoire, Culture et Société

L'UQAM à l'ère facultaire

Doctorat en informatique cognitive

Don de 300 000 $ à la mémoire de Denise Véronneau

L'épistémologie contemporaine

Des Caisses populaires à l'ESG

Don de la Fondation Jean-Louis Lévesque

Quatre bourses de 14 500 $

Le Centre de vigie planétaire : ça continue !

Nouvelles bourses de mobilité internationale

L'acte artistique en question

Panorama du design actuel

Prix Orange à la place publique du J.-A.- DeSève

Droits et responsabilités des étudiants: la consultation

Concours pour photographes amateurs

SOUTENANCES DE THÈSE

VITE LU

Deux Alliances UQAM-communautés

Le CRSH injecte 1,6 million $
...en économie sociale... ...et en études féministes

En décembre dernier, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a annoncé l'octroi de 13,6 millions $ sur trois ans à 22 partenariats de recherche entre des universités canadiennes et des groupes de la communauté, dans le cadre du projet pilote des Alliances de recherche universités-communautés (ARUC). Premier de ce genre au monde, ce programme qui vise à contribuer au développement social, culturel et économique des communautés a connu une grande popularité avec 178 candidats en lice au cours de l'automne. Deux des 22 projets récipiendaires logent à l'UQAM. D'une part, une ARUC en économie sociale, qui implique un consortium de quatre universités dont l'UQAM et près d'une quarantaine d'organismes, se voit allouer une somme d'un million $ sur trois ans. L'autre projet, intitulé Égalité, pluralité et solidarité : Nouveaux défis des rapports sociaux de sexe, est piloté par l'Institut de recherches et d'études féministes (IREF) en partenariat avec l'organisme Relais-femmes et ses groupes associés. Le Conseil y injecte 600 000 $ sur trois ans. Le Journal a rencontré les chercheurs responsables.

L'ARUC en économie sociale...
La codirection de l'ARUC en économie sociale sera assumée par Mme Nancy Neamtan, présidente du Chantier de l'économie sociale, et M. Benoît Lévesque, professeur du Département de sociologie et directeur du Centre de recherche sur les innovations sociales dans l'économie sociale, les entreprises et les syndicats (CRISES).
L'ARUC en économie sociale regroupe quatre universités, soit l'UQAM, qui en est l'organisme responsable, en consortium avec l'Université Concordia, l'Université du Québec à Hull et l'Université du Québec à Chicoutimi. Parmi les partenaires principaux de ce projet, on compte le Chantier de l'économie sociale - un organisme parapluie qui chapeaute une vingtaine de groupes - la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et son Fondaction, la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) et le Fonds de solidarité des travailleurs, de même que l'organisme Solidarité rurale.

La « nouvelle économie sociale » (NÉS) s'est imposée à partir de la fin des années 1980 et réfère à un large éventail d'initiatives socio-économiques, conçues comme autant de solutions inédites aux problèmes de la déstructuration des collectivités locales, du chômage, de l'appauvrissement, etc. Comme l'explique le directeur du Centre de recherche sur les innovations sociales dans l'économie sociale, les entreprises et les syndicats (CRISES), M. Benoît Lévesque, « ces initiatives misent sur des valeurs touchant la « prise en main » (empowerment), la démocratie, la qualité de vie, l'égalité entre les hommes et les femmes et le développement durable ».

L'ARUC en économie sociale vise à répondre aux besoins de recherche et de formation issus de cette NÉS. S'articulant autour de six grands chantiers soit le développement local et régional, le maintien de l'emploi et l'insertion, les autochtones et communautés ethniques, le développement durable, le logement communautaire et social et les services aux personnes, l'Alliance comporte aussi deux chantiers transsectoriels, soit l'évaluation et les systèmes d'information, et l'analyse comparative internationale.

Une pépinière de projets
« Les travaux feront appel à de nombreux étudiants de maîtrise et de doctorat, ajoute M. Lévesque. L'ARUC permettra de faciliter les stages dans les organismes partenaires et favorisera l'employabilité. On développera des ressources et des compétences quelquefois pointues [...] Nous souhaitons que l'ARUC ait un effet d'incubateur, qu'elle soit une pépinière de projets. » Mentionnons qu'avant l'octroi des fonds du CRSH à l'Alliance, des projets de recherche subventionnées ou commanditées au montant de 6 millions $ étaient déjà rattachés à l'ARUC pour la période 1999-2002. Près de 65 professeurs-chercheurs y seront impliqués. L'ARUC ajoute une dimension de formation, en lien par exemple avec des programmes tels la maîtrise en intervention sociale et le MBA pour cadres en entreprises collectives. Des projets de formation sur mesure avec les partenaires sont en voie d'élaboration, ainsi que des activités de diffusion et de transfert de connaissances.

Renforcer l'infrastructure du réseau
Inspirée de la tradition du Service aux collectivités, l'Alliance est le fruit d'un réseau de liens tissés au fil des ans, à travers de nombreux partenariats. Au c&brkbar;ur de ce réseau se trouve le CRISES, qui existe depuis maintenant 10 ans et qui s'est vu octroyer l'an dernier le statut de centre interuniversitaire de recherche. L'ARUC est dotée d'une structure originale reflétant bien sa philosophie. Ainsi, tant au niveau de la direction du conseil d'orientation que dans celle des chantiers thématiques et des comités d'encadrement des projets, le partenariat d'égal à égal et le partage des responsabilités s'imposent.

Le budget triennal de l'ARUC frise les 2,3 millions $, incluant le million $ investi par le Conseil. Ces sommes seront notamment utilisées pour des emplois, de l'achat de matériel, des activités de diffusion, des frais de déplacement et des dégrèvements. « Les subventions liées à l'ARUC constituent une valeur ajoutée, note M. Lévesque, puisqu'elles sont destinées à renforcer l'infrastructure et à soutenir l'arrimage avec les partenaires. Ce ne sont pas des subventions de recherche. » Cela permettra d'élargir la collaboration entre les organismes et les universités, de systématiser les connaissances et les acquis respectifs de chacun, d'apprécier les facteurs de succès et d'échec des initiatives, et les conditions de diffusion des expérimentations, de fournir des outils d'analyse et des méthodologies légitimes et reconnues.

« L'ARUC aura un effet structurant quant aux rapports entre les universités et les partenaires impliqués. [...] Les retombées socio-économiques devraient être déterminantes pour le développement de la NÉS et plus largement de la société québécoise », estime M. Lévesque.


...et en études féministes
Dans l'ordre habituel, Mme Lucie Bélanger, coordonnatrice à la recherche à Relais-femmes et codirectrice de l'Alliance de recherches et d'études féministes; Mme Lyne Kurtzman, l'une des instigatrices de l'ARUC et agente de développement au Service aux collectivités, responsable de l'application du Protocole UQAM/Relais-femmes; la professeure du Département de sociologie Francine Descarries, codirectrice de l'Alliance.
S'appuyant sur des expériences de partenariats qui ont fait leurs preuves, en particulier à travers le Service aux collectivités et le Protocole Relais-femmes1, l'Alliance de recherches et d'études féministes vise à contribuer au développement de nouvelles connaissances, de modèles d'analyse et de stratégies d'action axés sur le changement social, en tenant compte des nombreux défis que pose l'évolution des rapports sociaux de sexe. Sous la direction conjointe de l'IREF2 et de l'organisme féministe Relais-femmes, qui réunit plus de 45 groupes associés, cette ARUC contribuera à l'émergence de nouvelles interfaces de recherche, de formation et de transfert des connaissances orientées vers l'atteinte effective de l'égalité entre les hommes et les femmes.

Consolider la recherche féministe participative « On a tout de suite vu la pertinence du programme du CRSH qui reconnaissait l'expertise des groupes de la communauté et incitait les chercheurs à mieux intégrer leurs préoccupations. Cela semblait presque dessiné pour nous. Nous avons donc profité d'une longue tradition de collaboration développée par l'IREF et le Service aux collectivités », explique la codirectrice de l'ARUC, la professeure du Département de sociologie et membre-fondatrice de l'IREF Francine Descarries. L'obtention de cette subvention triennale de 600 000 $ du CRSH, à laquelle s'ajoute une contribution de 327 000 $ de l'UQAM et de 101 400 $ de Relais-femmes, permettra à l'IREF de mieux concerter ses ressources humaines et d'augmenter la cohésion et l'ampleur de sa programmation de formation et de recherche. « Le tiers du budget sera consacré à des fonds de démarrage de projets et aux assistanats de recherche », indique Mme Descarries. Les activités de diffusion, de transfert et d'échange de connaissances mobiliseront aussi une partie importante du budget. Cela devrait en outre contribuer à la formation d'une relève dans le domaine de la recherche et des études féministes et à l'ouverture sur les collaborations régionales, pancanadiennes et internationales.

L'égalité dans un monde en mutation

Fondée sur le thème Égalité, pluralité et solidarité : nouveaux défis des rapports sociaux de sexe, la programmation multidisciplinaire est structurée autour des trois axes retenus par les partenaires communautaires et universitaires. Il s'agit d'abord de la famille, prise sous l'angle de la socialisation et de la division sexuelle; de l'économie, à travers l'insécurité financière des femmes et de leurs pratiques, et enfin l'axe politique et citoyenneté, vu sous l'angle de la participation au pouvoir démocratique.

Trois questions traversent chacun de ces axes thématiques et serviront d'éléments intégrateurs à la programmation et au travail de collaboration : 1. Comment reposer la question de l'égalité dans un monde en mutation ? 2. Comment traiter les tensions inhérentes à la rencontre entre universalisme et particularismes, entre diversité et solidarité, et entre pluralisme et démocratie ? 3. Comment conceptualiser et participer à la mise en &brkbar;uvre d'actions transformatrices sur le terrain ?

L'ensemble des activités de l'ARUC, tant en recherche, en formation qu'en transfert de connaissances, visent à favoriser le décloisonnement et à consolider la jonction université-communauté. Près de 30 professeures de l'UQAM et cinq en provenance d'autres universités sont déjà impliquées dans l'Alliance. Mentionnons par ailleurs que l'ARUC s'est dotée d'une structure paritaire et, il va de soi, d'un mode de fonctionnement démocratique.

1. Le Protocole UQAM/Relais-femmes, une entente intervenue en 1982, assure aux groupes membres de Relais-femmes un accès privilégié à l'expertise professorale, aux ressources humaines et matérielles de l'UQAM.

2. Créé en 1990, l'IREF est le lieu de développement, de coordination et de promotion des activités de transfert des connaissances, de formation et de recherche dans le champ des études féministes à l'UQAM. L'Institut offre des concentrations en études féministes aux premier et second cycles, ainsi qu'une mineure pluridisciplinaire de 30 crédits. Chef de file reconnu au Québec et au Canada, l'IREF regroupe actuellement 46 professeures, 14 chargées de cours, 70 étudiants de l'UQAM et 75 membres de l'extérieur. On attribue au dynamisme de l'IREF la production de quelque 400 thèses ou mémoires et l'implantation d'Interfemmes, une base informatisée de données bibliographiques dont 40 % des 25 000 références sont en français.</FONT> <BR>